Gina Manès (de son nom de naissance Blanche Moulin) est une actrice de cinéma française, née le 7 avril 1893 à Paris, morte le 6 septembre 1989 à Toulouse.
Attirée par la comédie, elle obtient de petits rôles dans différents théâtres. Ballerine dans les revues de Rip, elle rencontre l’acteur et réalisateur René Navarre, qui la persuade que sa photogénie éclatante la destine au cinéma et la recommande auprès de Louis Feuillade.
Devenue Gina Manès, elle débute dans Les Six Petits Cœurs des Six Petites Filles en 1916. Elle se produit encore sur les planches avant d’entamer sa véritable carrière cinématographique en 1919 avec L'Homme sans visage, réalisé par Louis Feuillade. Elle accède à la notoriété, en 1923, grâce à Jean Epstein qui lui confie le rôle de la fille du gargotier de L’Auberge rouge avant d’en faire l'émouvante héroïne de Cœur fidèle.
Elle tourne ensuite sous la direction de Germaine Dulac (Âme d'artiste), Alberto Cavalcanti (Le Train sans yeux). Par sa beauté troublante, son regard lourd et vénéneux et sa démarche féline, elle s’impose rapidement en séductrice ou en femme fatale et conquiert les titres de « vamp aux yeux d’émeraude » ou « Athéna au regard vert ».
En 1927, Abel Gance fait d'elle Joséphine de Beauharnais dans sa fresque historique Napoléon . L’année suivante, Jacques Feyder l’immortalise en une admirable Thérèse Raquin, film dont il ne reste malheureusement aucune copie. Les studios étrangers la sollicitent et elle tourne en Allemagne et en Suède notamment en 1928 dans La Sainte et son Fou, de Wilhelm Dieterle, et Ivresse réalisé par Gustav Molander. Mariée le 12 juin 1929, au jeune premier Georges Charlia, son partenaire dans Naples au baiser de feu (1925) de Serge Nadejdine et Le Train sans yeux (1925) d'Alberto Cavalcanti, elle forme avec lui un couple très en vue. L’arrivée du parlant n’altère pas sa popularité et elle remporte un grand succès commercial, en 1931, toujours en vamp avec Une belle garce.
À l’apogée de sa gloire, Gina Manès quitte la France en compagnie de son mari, Georges Charlia, pour diriger une cantine le long d’une piste routière à cent kilomètres de Marrakech. Ce séjour prolongé au Maroc lui porte préjudice. En effet lorsqu’elle revient en France après deux ans d’absence, Gina Manès a 40 ans et son statut de vedette a vacillé.
Producteurs et cinéastes l’ont un peu oubliée et de plus jeunes actrices, telles que Viviane Romance, Mireille Balin ou Ginette Leclerc convoitent déjà l’emploi de séductrice fatale qu’elle avait créé. Les rôles qui lui sont proposés ont diminué en importance et ne correspondent plus tout à fait à sa personnalité. L’ancienne gloire du muet doit désormais se contenter de défendre des compositions stéréotypées d’ardentes amoureuses délaissées prénommées Marinka (Mayerling), Gina (Les Loups entre eux), Olga (La Maison du Maltais) ou Maria (Le Récif de Corail) pour finir dame des lavabos (Les Caves du Majestic).
Tombée dans l’oubli, elle ne compose plus alors que de simples silhouettes. Elle se tourne vers le théâtre et y tient des rôles correspondant à son âge. Deux personnages, heureusement plus étoffés, celui de l’accorte patronne de café du Bonheur est pour demain et celui de la mamma corse tenant tête à Pierre Brasseur dans Pas de panique, lui permettent de clore dignement sa longue carrière cinématographique.